L'édito mensuel de Rantana
Euthanasie
Ce mois de Mars j’avais imaginé un article sur l’eau et ses vertus, un prolongement de mes écrits, mais, le procès sur l’euthanasie m’a irrité de par le degré d’hypocrisie qu’il dégagea.
Je m’explique : on décide de juger une infirmière et un médecin sur des faits qui sont du domaine du quotidien dans les hôpitaux et autres établissement de soin.
Ces propos peuvent choquer mais ne sont que la stricte vérité, et aussi loin que remonte ma mémoire de soignant infirmier, j’ai toujours vu mes collègues le pratiquer, ainsi que moi-même plus tard. Dans certains services vous ne pouviez rester si vous refusiez de poser les perfusions visant à éteindre le patient en douceur, le chef de service en faisait une condition incontournable.
L’acte était devenu tellement banal que les soignants essayaient, parfois, en accélérant ou ralentissant la perfusion, de glisser le désagrément du décès au collègue suivant.
Ces fameuses prescriptions que les médecins appelèrent dans un premier temps : PDL, puis lyse, puis perfusion de confort, n’en avaient pas moins le même effet : la mort sans souffrance du patient..
Loin de moi de tirer haro sur l’ambulance, il est des conditions de souffrance et des états d’épuisement qui requièrent ce type d’intervention. Où la dignité humaine se doit d’être respectée, lorsque rien ne peut changer le pronostic vital que la longue litanie de souffrance inutile, et où l’état d’épuisement du patient en fin de vie risque de lui être préjudiciable dans sa remontée vers la lumière.
L’acharnement thérapeutique entraîne rapidement l’état d’épuisement du patient qui lui ne demande qu’à partir. Cette conséquence peut l’empêcher, par manque d’énergie, de remonter vers la lumière.
Lorsque Mr le Professeur Léon Schwartzenberg, travaillant à l’hôpital de Paul Brousse, révéla dans son livre les accords qu’il passait avec ses patients, et les pilules qu’il laissait sur la table de nuit, jamais personne ne lui a intenté de procès.
Je ne parlerai que de lui parce qu’il a eu le courage de le dire. Sans compter qu’il fut notre Ministre de la Santé, une trop brève semaine.
Alors je dis stop, lorsqu’une décision de ce genre est prise ce n’est pas de gaîté de cœur mais par humanisme et en concertation le plus souvent avec la famille.
L’absence de loi fait défaut par manque de courage et l’on préfère les arrangements secrets, ceux du silence et du non dit. L’absence de cadre est la porte ouverte aux dérives et j’en ai connu de pas très belle par bêtise humaine.
Condamner ce médecin et jeter l’opprobre sur l’infirmière sont simplement scandaleux et pathétique, à défaut d’être risible. Car, la moitié des soignants, pour le moins, sont sous le coup d’une condamnation, voir d’une kyrielle de procès à la vue de leur récidive.
Je suis sidéré que mes collègues infirmières laissent passer ce genre de procès sans réagir, sans rien dire, comme si elles avaient honte. La mort et la vie sont indissociables et nos morts, surtout ceux qu’on a longtemps soigné, on les bichonne, heureux et soulagé de voir leur souffrance enfin terminée.
Luc alias Rantana, infirmier DE.